mardi 28 février 2012

10 minutes à 200°


Appuyer sur le bouton du four.
Régler la température sur 200°.
Attendre pendant 10 minutes.

Ni trop chaud, ni trop froid.
Ni très longtemps ni pas suffisamment.
J'ai l'impression de passer ma vie comme ça.

D'abord, on préchauffe. C'est la phase ou les éléments se mettent en place.
On retire un emballage. On ouvre une lettre. On reçoit un coup de téléphone. On retire les vêtements d'une fille.

Ensuite on chauffe. C'est le coeur de l'action.
On fait cuire le plat. On rédige une réponse. On converse. On embrasse.

Puis on retire le plat du four.
On mange le contenu. On envoit une réponse. On raccroche. On jouit.

Puis c'est la fin.
On nettoie son assiette. On attend une réponse. On attend un rappel. Elle s'en va.

Le plat n'était ni trop froid pour que ce soit désagréable et ni trop chaud pour que ça brule.

La correspondance n'était ni trop ennuyeuse pour qu'on se donne la peine de répondre, ni trop intéressante pour que l'on regrette qu'elle s’arrête.

L'offre d'emploi n'était ni trop obscure pour que l'on se donne la peine d'essayer, ni trop magnifique pour que l'on se force à postuler alors que l'on ne veut pas 

La fille n'était ni trop calme pour que nous prenions pas tous deux de plaisir, ni trop passionnelle pour qu'elle voit mes défauts.


Et une fois que c'est fini... On attend que ça recommence.

mercredi 22 février 2012

Proposition un-descente

Une mer de feuilles de papier s'étend sur le sol de mon grenier. Il est devenu ma retraite depuis que je me suis remis à écrire.

Des pensées journalières, des embryons de nouvelles, mais rien qui ne me serve au final.

J'étais allongé sur le dos à même le parquet, en train de fumer une cigarette, lorsque je vis la tête de mon acolyte Nonalf passer par la trappe.

« Hé bien, qu'avons nous là ? » me demande t-il en terminant son ascension.
« Nous avons une pastèque flottant à la dérive sur une mer d'encre. » réponds-je.

Le voilà qui contemple mon atelier d'écriture en sortant une flasque de sa poche.
Nonalf : « Cela correspond bien à l'idée que je me fais du repaire d'un sociopathe professionnel... »
Moi : « Comment es-tu entré ? »
Nonalf : « ...Des feuillets partout qui sont la preuve de l'agitation intra-crânienne du maître des lieux... »
Moi : « J'avais fermé la porte à clé. »
Nonalf : « ...Ce qui prouve son intelligence hors du commun ainsi que ses facultés de... »
Moi : « Tu as fracturé ma porte, enfant de salop. »
Nonalf : «... De déduction donc. Fais pas ta précieuse, je t'en offrirai une vraie de porte, pour ton petit Noël. Et si tu es sage, St Nicolas viendra la poser lui même. »

« Heureusement que l'hiver est fini... » pensai-je en me redressant. Mon compère s'est assit. Il boit quelques lampées de sa fiole en lisant les feuillets éparpillés autour de lui.
Il en prend un, s'y attarde quelques secondes, le jette le plus loin possible, boit une gorgée, puis en reprend un autre.
Si il buvait pour oublier, j'en déduirai que mes écrits pousserait à l'alcoolisme n'importe quel être censé. Heureusement, mon alcoolyte ne va pas dans le même sens.

« Qu'est ce qui t'amène ? A part vouloir vérifier si je suis en sécurité ? » demande-je en lui servant mon plus beau regard accusateur.  En mon esprit, l'expression « prendre la porte » vient d'acquérir un sens nouveau que je brevetterai volontiers sur le coin de son visage.
« On sort ensemble. » me dit-il, tout fier comme si il venait de trouver une nouvelle victime à torturer.
« Ne le prend pas mal cher ami, mais tu n'es pas mon genre » lui retorque-je.
J'ai subitement l'impression d'être le docteur Watson en train d'éviter de se faire embarquer par Sherlock Holmes dans une course poursuite qui finira mal.
« Ne fais pas ton obtus, nous sortons affronter le monde et y mettre des coups de langue tel le tamanoir affamé devant la fourmilière offerte. »

La métaphore me laisse perplexe, ce que je lui signifie aussitôt par ces propos :  « Est ce que tu essaies de me dire que nous sommes des puissances supérieurs face un regroupement insignifiant par la taille qui représente une source de distraction, ou que tu as une langue de 60 centimetres ? »
« Il n'y a pas de mauvaises langues, il n'y a que des clitos difficiles » me répond-il avec le dédain de celui à qui on ne le fake pas.
« Certes... Et tu as un plan d'invasion de la fourmilière à disposition ?» demande-je.
« Si fait, regarde donc. » dit il en me tendant une feuille pliée en quatre qu'il vient de sortir de sa poche.

J'y découvre la publicité pour un service rendu aux citoyens. Même si les couleurs criardes de l'affichette me laisse penser qu'il s'agit plutôt d'un service vomi à la populace.
« Tu veux monter un blaugue ? Qu'est ce ? » demande-je.
« C'est la nouvelle tribune grecque. » me dit il
Moi : « On déclame des discours à poil sous une toge devant des homosexuels ? »
Nonalf : « Non, à moins que tu ne veuilles à tout prix étaler ta virilité, tu t'exprimes à la cité en toute liberté depuis ton grenier. »
Moi : « Donc en fait, on va faire la même chose que d'habitude, mais en passant par un réseau électronique. »
Nonalf : « Exactement. Tous tes petits papiers, pensées tordues, réflexions aberrantes et idées saugrenues vont se retrouver au vu et au lu de tous par l'intermédiaire de la grosse toile mondiale. »
Moi : « Je pensais que tu allais me proposer de faire une descente dans je ne sais quel lieu à la mode ou le thon se trimballe en banc, mais hors de la mer ? »
Nonalf : « Houlà non malheureux ! Pourquoi pas aller dans une boite de nuit remplie de radasses comme Maude tant que t'y es ?. »
Moi : « Et ça va nous servir à quoi dans notre entreprise de poussage au suicide collectif de l'humanité ? »
Nonalf : « Voyons, c'est évident. Nous allons projeter nos idées subversives au sein de la pensée collective par le biais de la toile tel le fluide corrosif de la bête prédatrice. »
Moi : « C'est sale. »
Nonalf : « Non, c'est littéraire. »

Et nous voilà donc, malheureusement pour vous.

mardi 14 février 2012

Lettre ouverte à D.


L'autre soir, je t'ai vu en train de pleurer.
Ça nous arrive à tous tu sais.
Moi ? Je n'ai pas pleuré depuis la pub pour le nesquik premier âge. 
Ce putain de lapin qui fait coucou à un bébé. Coucou je suis ton ami. Coucou je serai toujours là alors que je ne suis qu'un lapin dessiné sur la boite d'un produit dont les créateurs espèrent que ta mère achètera tous leurs trucs pour le restant de ses jours et des tiens.
J'ai haï ce lapin. Parcequ'il sera toujours sur sa putain de boite lorsque toi et moi on sera mort.
Je pense qu'on doit autant haïr ce lapin.

C'est ce que je voulais te dire l'autre soir.
Non pas à propos du lapin. T'auras qu'a venir manger à la maison et on l'exorcisera en se faisant un civet. Avec des pommes de terre au four.

Si j'avais pu, je t'aurai pris la tête dans mes mains et je t'aurai regardé au fond des yeux.
Et je t'aurais dit tout ça :

Regarde toi.

T'es un des mecs les plus intelligents que je connaisse.
Et c'est dur d'être intelligent dans un monde qui ne veut pas de l'intelligence.
Moi ? Je ne suis pas intelligent.
Je pense. Mais ça ne fait pas de moi quelqu'un d'intelligent.
Je pense à toi parfois. Mais ne t'emballe pas, je ne suis pas un garçon facile.
Je pense à toi, mais comme je pense à elle. Ou à elles. Ou à eux. Ou au monde.
Le monde hein...
S'en sentir extérieur. Dieu sait qu'on a donné l'illusion d'en faire partie. Et qu'on continue parfois.
Avoir un travail. Des relations sociales. Côtoyer des gens.
Les gens.
La masse.
Ceux qui ne veulent pas de nous.
Ceux qui disent que nous ne sommes rien.
Que nous sommes des parasites.
Des anormaux.
Que nous n'avons aucune place.
Que nous n'avons pas les mêmes droits qu'eux.

Tu vois de quoi je parle ?
Nous avons le droit d'être leur idiot du village, donc pas le droit d'être respecté.
Nous avons le droit d'être leur poivrot du bar, donc pas le droit d'être visible.
Nous avons le droit de rester seul, donc pas celui de partager notre vie avec quelqu'un.
Nous avons le droit d'être humilié, donc pas celui d'être écouté.

Ils pensent que ça nous tue. Ils pensent qu'ils se débarrasseront de nous comme ça.
Mais ils se trompent.

Ils sont engoncés dans leur confort. Dans leur relations sociales. Dans leurs familles. Dans leurs couples. Dans leurs métiers. Ils croient que ça les protège. De la solitude. De la tristesse. Du désespoir. Ils ne savent pas ce que nous savons.

Qu'on est en réalité plus fort qu'eux.
Alors tu vas me dire « Arrête tes conneries, si on le sait tous les deux, pourquoi est ce que nous ne le supportons pas mieux après tout ce temps ? »

Parce que le malheur est toujours différent. On ne perd jamais deux fois le même boulot. Jamais deux fois le même membre de sa famille. Jamais deux fois la même fille.
Bon ok, le dernier cas de figure peut arriver, mais bref passons.

Tu veux que j'abrège ? Ça commence à faire long je sais.
T'en fera ce que tu voudras. Tu auras le droit de me dire merci comme de te taire. Tu auras le droit de me prendre dans tes bras comme de me haïr. Tu commences, peut être, à me connaître, je ne suis pas donneur de leçons. Même quand le pouvoir a été contre nous.

Voilà mon message pour toi. Et pour les deux-trois masos qui nous lirons un soir d'hiver.
« On n'est pas plus fort parcequ'on est malheureux.
On est plus fort parcequ'on survit au malheur. »

Regarde autour de toi. Regarde tes amis. Ceux qui t'aiment. Qui te font confiance. Malgré le passé et quoi qu'il advienne dans le futur.
Ils sont comme nous au final. Ils sont toujours vivant.
Et aujourd'hui ils ont des familles, des maris ou des épouses voir des enfants.
Est ce qu'on aura la même chose un jour ?
Mec, y'a qu'un moyen de connaître la réponse. C'est de continuer à survivre.
Sans avoir peur.
Il ne faut pas avoir peur du vide.
Il ne faut pas avoir peur de l'altitude.
On est pas meilleur parcequ'on est au plus bas.
Mais être au plus haut ne nous rendra pas pire.

Voilà.
Je crois que c'est tout ce que j'avais à te dire.
Bon jusqu'à la prochaine crise et ou je redirai à peu près la même chose, mais en changeant l'ordre des mots.
Mais je crois que je peux te lâcher la tête. Ça commence a devenir trop bizarre cette posture.
D'ici là prends soin de toi. Enfin pas trop quand même, j'ai pas envie que tu t'ennuies.

Amitiés,

Ta pastèque.

mardi 7 février 2012

H-Alf


Parce que toutes les belles histoires ont un beau début, laissez-moi vous conter ma rencontre avec Nono de Gandalf.
Nono de Gandalf a des plaisirs simples. Tel que bruler des fourmis avec une loupe, raser la tête des adorateurs de Michel Sardou ou uriner sur le cadavre de ses ennemis après les avoir balancés dans la rivière.
C'est lors de cette dernière occasion que je fis sa connaissance. Je vous la retranscris tel que je m'en souviens :

Alors que j'étais en train de lire du Chateaubriand sur les berges de la Vienne, tout en appréciant la couleur des lumières clignotantes de l'autre côté de la rivière et en me délectant de l'orchestre qui jouait dans une guinguette toute proche, je vis un cul.
Un cul ferme, ni trop gros ni trop maigre, à la pilosité rare, le tout rosé par l'air frais de la soirée qui s'installe.

Ce cul est desservi par un pantalon en velours de facture honnête, et surmonté par ce qui m'apparait être le costume d'un gentilhomme de la bonne société.
« Que d'embarras, que d'embarras... » entends-je le propriétaire du fessier mentionné plus tôt alors qu'il se donne toute la peine possible pour se déplacer le long de la berge.

Tiré de ma délectation de l'instant par cette vision charnelle et virile, je décide d'interrompre ma lecture pour suivre le manège du sujet qui me tourne impoliment le dos. 
Au bruit de mon livre se refermant, l'homme possesseur de la paire s'arrête. 
Il se raidit. 
Je devine ses bras s'agiter frénétiquement, et pourtant il reste interdit. 
Aurait-il pété, j'aurai envisagé l'hypothèse qu'il essaye de me signifier le non-intérêt de ma présence en me proposant de me chier dessus.
Mais notre gentilhomme n'en fit rien.

« Que d'embarras... » répéta-t-il tout en remontant son falzar sur la face de sa lune qui ne m'est donc plus caché.
« Voyons cher monsieur, lui réponds-je, sans connaître vos habitudes et votre obédience charnelle, je devine qu'un esthète de votre trempe a eu aussi son lot de mont de Vénus à admirer. »
« Moi ? Un esthète ? » demande t-il, piqué au vif, mais toujours en me tournant le dos, hésitant peut être sur ma sexualité.
« Très certainement, lui confirme-je, je vois là en face de moi un homme communiant avec la nature en un temps propice à son appréciation. »

L'homme part d'un rire éclatant qui caractérise l'amateur de bonne chair et de mauvaise vie. Il se retourne. Et je découvre donc le visage sympathique, au sourire franc, encadré par des favoris de fort belle épaisseur, de mon compagnon de berge.

« Le crépuscule est en effet une heure adaptée pour les travaux qui sont les miens. » me dit-il, tout en sortant une pipe de sa poche qu'il commence à bourrer consciencieusement.
« Puis-je ? » demande t-il en désignant l'espace à ma droite du bout de sa fournaise portable.
« Je vous en prie » réponds-je en tirant un cigare de mon étui.
L'homme s'assoit. Je remarque alors la masse flottante qui continue a descendre tranquillement la rivière.
« Êtes-vous un contrebandier qui profite de la baisse d'activité sur les ponts pour laisser flotter des paquets à destination de quelque complice en aval de la rivière ? » lui demande-je en désignant la masse d'ébène qui disparaît peu à peu au loin, son activité crépusculaire me paraissant une bonne manière d'entamer la discussion que nous allons avoir le temps de notre fumette.
« Du tout, du tout. » me retorque-t'il en allumant sa pipe. « Ce que vous observez est le corps d'un malheureux receleur d'herbes d'appartement qui a fait une affaire pire que celle qu'il me proposait. » me précise t-il avant d'attiser le fourneau de l'enfer calé entre ses dents.
« Êtes vous alors une sorte de bourreau qui règle les affaires de ses amis de la bonne société ? » hypothèse-je, piqué de curiosité par l'audace et les manières antireligieuses de mon camarade.
« Occasionnellement je puis exercer cette activité, mais elle n'est point ma préférée. » m'explique t-il « Car voyez-vous cher ami, oui j'ai l'audace de vous appeller cher ami car je vous aime déjà beaucoup, outre celui de déshonorer mes victimes après leur mort, je ne peux me permettre aucun plaisir précédant à leur trépas, ce qui me prive donc de beaucoup de joie à la tache. »

Je savais que l'homme ne pouvait être un mauvais bougre. Un tel mépris pour l'humanité ne peut cacher qu'un être intelligent.
« Vous m'en voyez fort aise » lui dis-je en lui offrant ma main ganté dans la position sociale du salut introductif entre étrangers polis. Il accepte mon invitation gestuelle et m'en sert cinq fermement.
« J'ai pour nom Nono de Gandalf » s'introduit-il « Mais mes bons amis m'appellent Nonalf et je vous autorise donc à m'appeler ainsi si toutefois ma compagnie ne vous effraie point. »
« C'est avec le plus grand honneur que j'accepte de vous renommer comme vous le souhaitez. » lui réponds-je « Quant à moi j'ai pour nom Derpa Steack, mais seul une rare minorité de privilégiés m'appelle Pastèque, ce que je vous enjoins à faire. »
« Ce sera de même avec le plus grand honneur que je vous nommerai ainsi. » me dit-il « Cette terre est remplie de gens trop étriqués refusant tout contact avec l'inconnu. J'ai remarqué une noce se dirigeant vers la guinguette en amont alors que je venais décharger notre ami flottant. L'avez vous vu ? »
J'opine du chef comme le ferait un homme de ce rang.
« J'ai observé leur cortège marital. » poursuit-il « Un grand dadais venant d'épouser une secrétaire. Des parents gros et gras comme des notables trop bien nourris. Des enfants intenables courant les uns entre les autres lors de jeux de touche-pipi vaguement honnête. Des amis ruminant entre eux leur jalousie et qui n'attendent que le vin d'honneur pour se sauter entre eux... »

Il s'arrête. 
Il pense. 
Je l'entends déglutir son dégout.
« Des gens d'aujourd'hui, qui vivent comme aujourd'hui. » remarque-je.
« EXACTEMENT ! » hurle-t-il. « Il n'y a pas encore si longtemps, du temps de nos pères et de nos grands pères, nous avions de vrais beaux banquets ou les mariés donnaient de leur bonheur pour qu'il soit partagé par tous. Les parents ne faisaient pas la fine bouche en se demandant combien de temps ça va durer avant de devoir remettre le costume avec le pantalon ou la jupe qui serre le ventre. »
Je continue : « Et les enfants n'étaient pas des morveux gâtés aptes à profiter de chaque distraction et les amis n'étaient pas des égoïstes intéressés par leurs propres besoins sexuels. »
« Oui, vous avez raison. » dit-il en me regardant « C'est exactement ce dont je parle, notre société a fait changer les gens plus vite en 30 ans qu'en un siècle. »
J'opine à nouveau. « Si je puis me permettre mon cher Nonalf, » commence-je « il me semble que
tout dans notre société a été fait pour détruire ça et le remplacer par cette morosité, cette élitisme, et cet égoïsme putride dont nos dirigeants sont les meilleurs exemples. »
« Si fait » me retorque-t-il « et tout cela au nom de quoi ? Du consumérisme ? De la loi du plus fort ? De l'audimat ? »
Il s'arrête et entreprend de vider sa pipe. 

Alors que je jette mon cigare dans la rivière, il reprend :
« Voyez vous cher ami, nous arrivons à un point critique de notre époque. Les gens ne cessent de devenir pire de jour en jour. Parce que c'est mieux. Parce que c'est plus confortable pour eux d'être pire. Parce que tout le monde le devient et qu'il faut être comme tout le monde. Vous vous rendez compte ? C'est devenu bien d'être pire. Vous pouvez accepter ça vous ? »
Je sors alors ma montre, consulte l'heure et tourne la tête vers la guinguette.
Au loin, un nuage de feu s'en échappe. 
Les murs s'effondrent sur eux mêmes. 
Un bruit assourdissant retentit.
 Des cris strident résonnent. 
La guinguette vient d'exploser.

« Ainsi donc, l'engin explosif que j'ai trouvé en allant percer les conduites de gaz vous appartenait ? » me questionne-t-il.
Je ne réponds point, me contentant de me relever et d’épousseter mon vêtement. Il sourit, puis refourre sa pipe.
« C'est inacceptable. Pour vous comme pour moi. » explique-je. « Nos pères et nos grand-pères se sont battus pour nous transmettre des valeurs. Il est temps de le rappeler à certains. »
Nonalf me dit-alors : « Cher ami, je vois que nous empruntons la même route pour aller vers le chaos... »
« Ce n'est qu'un arrêt sur l'autoroute de l'enfer. » répondis-je. 
Et nous marchâmes ensemble vers le futur.