Ça fait un moment que je prépare
cette lettre ouverte à ton attention, je te laisse constater :
- Après une version 1 définitive que
j'ai trouvé honteusement impubliable après une autre lettre ouverte
ou il était question de survie et de lapin (mais pas de la survie du
lapin, il finira bel et bien en civet).
- Une v2 sans queue (ceci n'est pas
sale) ni tête (ceci n'est pas une blague sur les handicapés
mentaux).
- Une v3 dont j'ai gardé la structure
pour faire autre chose parce que je suis comme ça.
Voici enfin la version définitive que
je t'adresse (garantie sans balls dans le potage).
Car vois-tu ma chère, j'ai,
encore, pensé à toi.
En effet, l'autre soir, alors que je relisais
« Guerre et paix » avec pour seuls vêtements mes
lunettes en titane et mon caleçon Spiderman (le héros qui gicle
plus vite que son ombre), je fus perturbé dans ma lecture par un
pneumatique de mon ami Nonalf.
Je te le retranscris tel
qu'écrit :
« Hey ma grosse pastèque
pourrie, ça veut dire quoi « je t'aime » ? Gros poutoux et
brosse toi les dents avant d'aller dormir. »
Donc : Je t'aime.
Peu de mots, mais une infinité de
possibilités derrière.
Pour beaucoup de mes congénères (en
un mot), c'est une réponse.
Une réponse à une demande, ou à un
problème, voir à une nécessité physique impérieuse qui supplante
tout ce qui existe.
« J'en ai assez qu'on se voit si
peu » Je t'aime.
« T'as pensé à dégivrer le
frigo ? » Je t'aime.
« Je crois que ça me chatouille
dans le bas ventre, derrière les poils... » Je t'aime !
Du futile en passant par le crucial
jusqu'à l'érection.
Sur une échelle d'importance des
réponses aux questions sur la vie et l'univers, « Je
t'aime » doit se trouver directement après 42. (ou 69 je ne
sais plus...)
Mais pour moi, c'est une question.
Je t'aime ?
« Ça te dit qu'on dine ensemble
? » Je t'aime ?
« Tu te souviens qu'on va manger
chez mes parents dimanche ? » Je t'aime ?
« Est ce que tu vois cette fille
dans mon dos ? » Je t'aime ?
« Est ce que tu aimes cette photo
de moi ? Celle ou j'ai ma robe blanche à bandes noires, mon rouge à
lèvres Dior et ou je mordille mon annulaire ? » Je... t'aime ?
Du futile en passant par le crucial
jusqu'à l'érection. (Maudite robe blanche ! Et ne parlons pas de la
robe rouge...)
Donc le « Je t'aime » c'est
soit le briquet qui allume la bombe, soit le seau d'eau qui éteint
l'incendie.
Soit c'est l'escalier vers le paradis,
soit l'autoroute vers l'enfer. (vous me réviserez ces deux-là pour
le prochain blind test)
Pour conclure, je dirai que le « Je
t'aime », c'est une arme à double tranchant.
D'accord ça permet de trancher dans le
vif, mais si tu te le prends dans la gueule ça te laisse une
balafre.
Et pour revenir sur cette histoire de
poils, faites attention à bien pincer le réservoir de votre « je
t'aime. »
Alors si un jour tu lis ce texte ma
chère A... je nierai même sous la torture.
A...mitiés.
Ta pastèque.
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