jeudi 7 février 2013

Far away from childhood

Elle : Il ne me reste qu'une chambre messieurs...
Nonalf : Donnez.
Elle : Je préfère vous prévenir, c'est une chambre pour...
Nonalf : Chère mademoiselle, nous sommes deux compagnons d'aventure en pleine expédition qui cherchons juste un endroit propice à un repos bien mérité. Votre établissement à l'air propre, agréable, enchanteur, et de toute façon nous sommes trop fatigués pour le souiller lors d'une orgie romaine ou mon compagnon arrachera votre toge avec les dents avant de manger du raisin entre vos seins que je devine superbe sous cette petite chemise blanche !"

La réceptionniste nous tend la clé.

Je l'attrape pendant que Nonalf regarde toujours la jeune femme dans les yeux.
Lesté de la clé et de ma valise, je m'engouffre dans l’ascenseur. Je préfère laisser mon compère à la réception, ce qui me donne quelques minutes d'avance pour utiliser les toilettes de la chambre avant qu'il ne les transforme en zone interdite.

A peine sors-je de l'ascenseur, que Nonalf est déjà devant la porte.
Nonalf : Tu t'es arrêté fumer un clope en chemin ?
Moi : Non. Comment es tu arrivé aussi vite ici ?
Nonalf : Je sais que je ne fais plus autant d'exercice que du temps de l'armée, mais je suis encore svelte.
Moi : Ce n'est pas ce que dit ta balance électronique parlante.
Nonalf : Ma balance ne parle pas quand je monte dessus.
Moi : C'est vrai. Elle hurle.

J'ouvre la porte.

Nonalf : Franchement, depuis que tu n'es plus soldat, tu ne t'es pas beaucoup entretenu.
Moi : ...
Nonalf : Certes tu manies encore bien la pelle, mais je pense que le nombre de coups mortels que tu peux asséner avec doit être similaire à ton nombre de partenaires sexuels depuis les deux dernières années.
Moi : ...
Nonalf : C'est à dire zéro.
Moi : ...
Nonalf : Bon daccord si on compte la nana que tu as défloré avant son mariage y'a trois jours ça fait un, mais ça reste quand même minable.
Moi : ...
Nonalf : Tu m'écoutes ou tu te demandes comment tu vas saccager cette chambre pour te venger ?
Moi : ...
Nonalf : Reprends toi on dirait que tu contemples une partouze remplie...
Moi : Enfants...
Nonalf : HOULA HOULA SALE PERVERS ME MÊLE PAS A ÇA !
Moi : C'est une chambre pour enfants.

Nonalf passe alors la tête par la porte et découvre le même spectacle que moi.

Au mur, du papier peint bleu à bandes roses.
Tout le long de la pièce, une frise. On y voit une petite voiture jaune conduite par un clown faire le tour de la chambre dans un grand manège qui disparaît pour l'éternité à la porte de la salle de bains.
Le lit est recouvert d'un drap rose. Les housses d'oreiller tentent d'imiter la dentelle de nos grands-mères.
Dans un coin près de la fenêtre, assis sur la petite chaise bleue d'une dînette, un Mickey Mouse en peluche m'observe. Au dessus du lit, trois chatons posterisés surveillent la pièce.

Nonalf : J'espère que les chiottes sont à taille adulte...

Je m'assois sur le lit pendant que Nonalf va s'enfermer dans la salle de bains.
Je me sens perdu.
Quand j'étais petit j'avais aussi une frise dans ma chambre. Un petit bonhomme blanc dans un bateau je crois. A l'adolescence, ma chambre a été refaite. Je me souviens avoir souillé les murs au marqueur en marquant des âneries sans aucun sens avant qu'un ouvrier du bâtiment vienne tout arracher.
Le petit bonhomme n'est jamais tombé de sa barque, mais il est quand même mort noyé dans une mer d'encre indélébile noir. Au lieu d'en découper un morceau comme souvenir, je me suis empressé de le taguer. J'ai même du penser "ouais ! je suis vraiment grand maintenant".
Petit con.

Je m'étends sur le lit. Ma tête tombe sur un des oreillers. Je me revois allongé sur le lit de ma grand mère.
Face au lit, il y'avait une télé noire et blanc sur la commode. Une petite, que mon père avait sorti de la cave pour que ma grand mère puisse regarder quelque chose le soir. Au fond du lit, il y'avait une bouillote en porcelaine.
Le jour ou on a vidé la maison, la seule que j'ai emporté de moi même c'est une boite d'allumettes avec une fille à poil dessus.
Petit con.

Je me relève. La peluche Mickey me regarde toujours. Dans la chambre de mon père, il y'avait de vieilles bandes dessinées. Avec des héros comme Mickey. Je savais lire, mais je regardais les images parceque lire me faisait chier.
Lorsque l'on m'a demandé si je voulais garder quelque chose en livr eou en bande dessiné, je n'ai pas eu une seule pensée pour un recueil d'histoires de l'oncle picsou dont j'avais déchiré une page quand j'étais à la maternelle. Par contre je voulais bien quelques tomes de San Antonio.
Petit con.

Lorsque j'aurai pu garder quelque chose qui avait vraiment de la valeur pour moi, je me suis empressé de l'oublier au profit d'objets ou d'activités pas de mon âge. Déjà à 14 ans, je voulais pas faire comme tout le monde.
Petit con.

Nonalf : Bon ma grosse, les chiottes c'est bon, elles ont passé le test du cul de l'enfer, par contre ce serait bien que tu descendes demander du papier. Enfin quand t'auras arrêté de chialer bien sur. Mais pourquoi tu chiales ?
Moi : Parceque je suis un grand con.

lundi 4 février 2013

5H 44M 12 S

La conversation s’arrête lorsque mon frère, un ami, et moi, nous rendons compte de l'heure.
J'éteins l'ordinateur. Il est temps de rentrer chez moi.
Je ne sais pas chez qui je suis, mais ce n'est pas mon appartement.
Je sors de la pièce. Depuis le couloir, je vois la rue à travers la baie vitrée du salon. Il fait nuit noire dehors.
Je reconnais les panneaux bleus de l'immeuble en face.
Une fenêtre est allumée. Celle d'une cuisine ou une jeune femme blonde, les cheveux courts, en T-shirt noir et culotte noire essuie une poêle.
Je me cache a moitié derrière la porte pour l'observer.
Mon plaisir voyeuriste est de courte durée. Un homme rentre dans la cuisine. Il porte un T-shirt blanc et un caleçon bleu. Il lui dit quelque chose, mais je ne l'entends pas. Elle pose sa poêle puis sort en éteignant la lumière.
Je soupire. Adieu beauté nocturne. Je vais éteindre les dernières lumière derrière moi avant de prendre mes affaires.
Lorsque je reviens dans le salon, une nouvelle fenêtre en face est allumée, celle de leur chambre. l'homme au T-shirt blanc est allongée sur un lit. La jeune femme se trouve entre ses jambes. Sa tête fait un mouvement de va et vient qui ne laisse aucun doute sur ce qu'elle est en train de faire.
L'homme gémit de plaisir.
Je me réveille.
Mes yeux sont clos. Mon coeur bat à tout rompre dans ma poitrine.
Le gémissement venait-il de moi ? Non, mon lit est vide.
Le gémissement venait-il de l'appartement a côté ? Je ne sais pas.
J'essaye de respirer pour me calmer.
Impossible.
Je coupe ma respiration pour écouter.
Inutile.
Soudain, je comprends.
C'est mon coeur qui fait trop de bruit. Il soupire, gémit, crie, hurle, éructe de rage.
Il me maudit.
Il veut que je le libère. Que je le laisse aimer.
Il veut battre comme si il envoyait chaque goutte de sang de mon corps vers ma queue.

Pourquoi ne me laisses tu pas aimer passionnément ?
Pourquoi essayes-tu de me soumettre au risque que je ne te tue ?
Je suis là.
J'attends.
Un jour tu craqueras.
Et je serai libre.