mercredi 23 mai 2012

Puis, Donna et Robin moururent.

Gueule de bois. La tête a tourné trop souvent hier soir.
J'allume une cigarette, pour me donner le temps de contempler la salle une dernière fois.

Le parquet, usé par tant de danseurs.
"Papa ? c'est moi la plus jeune dans cette maison et c'est toi qui te couche au petit matin tous les samedis ? C'est quoi ce bordel ?"

La boule à facettes, qui a reflété nos sourires.
"Papa, c'est pas comme ça que tu te trouveras une gentille femme pour finir tes jours."

Le bar, ou l'on a trinqué tant de fois avec les copains. Trinqué à l'amitié, à l'amour, à la musique...
"Papa ? David et moi... on va habiter ensemble."

Les lumières. Toutes ces couleurs. Bleu... Jaune... Rouge...
"Franchement papa, tu devrais plutôt garder ton argent pour refaire la façade de la maison."

Les banquettes et les tabourets pourpres, sur lesquels on se bécotait...
"Non mais regarde toi papa. Qu'est ce que maman dirait si elle te voyait maintenant ?"

Mais ce matin, c'est fini.
La boule à facettes ne tournera plus.
Les jeux de lumière ne s'allumeront plus.
Les amis sont venus pour la dernière fois à ma soirée disco du samedi.
Je retire ma vieille perruque blonde, qui faisait rire si tendrement les femmes.
Tous les samedi soir, j'étais Tony, le meilleur danseur de disco de Cergy-Pontoise. 25 ans pour toujours.
Ce dimanche matin, je suis Antoine. 57 ans, ravagé par la clope, chauve, et père d'une fille à qui je fais honte.
Je me lève. J'ai rangé boule, lumière, platine, soigneusement dans des cartons. Mes bacs de vynils disco seront bientôt aux côtés de ma boule à facettes.

Aujourd'hui, Robin et Donna sont morts. Ma jeunesse aussi.

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